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Rédaction TST Radio

Rencontre avec le kiné des musiciens, Xavier Mallamaci


Comme toute activité physique, la musique amène à faire travailler le corps, et ce n'est pas toujours sans risque. Des douleurs, voire des blessures peuvent survenir pendant la pratique. Pour parler de ce sujet méconnu, nous avons rencontré Xavier Mallamaci, un kinésithérapeute spécialisé auprès des musiciens.


Parlez nous un peu de votre métier ?

Bonjour ! Et merci pour cette entrevue!

Je suis kiné de formation et musicien depuis une quinzaine d’années (bassiste et chanteur dans plusieurs groupes de rock).


Au début de ma carrière, j’ai pris conscience du déficit particulièrement important de kinés, et plus largement de soignants, suffisamment spécialisés pour s’occuper des musiciens en ayant conscience des spécificités de la pratique instrumentale.

Aujourd’hui, après m’être formé auprès de thérapeutes et de musiciens incroyables, j’accompagne les musiciens, à la fois individuellement mais aussi au sein des structures (Orchestres Nationaux, symphoniques, groupes rock/métal, conservatoires, écoles de musique…).

J’arpente donc toute l’année les conservatoires, les auditoriums, les studios d’enregistrements pour aider les musiciens, et je les reçois également au sein de mes deux cabinets, à Lyon et dans l’Ain.

Dans le classique, je peux vous citer par exemple l’Opéra de Lyon, les Orchestres Nationaux de Lille, Lyon et Poitiers.


Niveau musiques actuelles, secret pro oblige, pas de noms de groupes à vous donner, mais je travaille avec pas mal de groupes dont certains d’envergure. A la rigueur on peut citer Kadinja avec qui j’ai eu le plaisir de bénéficier d’une reportage dans le JT de 20h de France 2 il y a quelques temps.

Je propose également tous les mois une rubrique papier dans le magazine Guitare Xtreme, sous le même nom que ma chaine Youtube : Rocking Care !


Quel est le mal le plus répandu chez les musiciens ?


De ma propre expérience, je dirai le syndrome de surmenage musculaire. Bien plus d’ailleurs que les tendinites ! Contrairement à ce que beaucoup de musiciens imagineraient.

Le problème majeur n’est pas la survenue d’une problématique ou d’une autre, puisque finalement il est possible de soigner un grand nombre des pathologies du musicien si elles sont bien diagnostiquées et prises en charge sans tarder !


On confond souvent tendinite et syndrome de surmenage, et c’est un vrai problème puisque l’on ne soigne pas l’une comme l’autre. Le diagnostic et la prise en charge spécifique comptent alors pour beaucoup dans le retour à la normale des capacités du musicien.

Si cela vous intéresse, j’en parle un peu plus en détails dans une vidéo.


Travaillez-vous uniquement sur la guérison ou aussi sur une hausse des performances ?


Les deux effectivement ! Et c’est ce qui fait toute l’énergie positive de cet accompagnement du musicien.

Je suis là pour prévenir les risques physiques liés à la technique instrumentale, soigner les bobos existants, mais aussi et surtout (parce que c’est le plus stimulant et motivant pour tout le monde) orienter le travail technique à l’instrument en fonction de la physiologie, du fonctionnement du corps humain, pour que l’expression artistique soit la plus développée possible.


Et ça marche ! On sent très vite la différence sur l’aisance technique, sur le franchissement de paliers techniques, de recherche de vitesse d’exécution, de précision du geste… et c’est une vraie mine d’or pour le musicien qui se retrouve avec tout un tas de nouvelles choses à expérimenter au potentiel technique complètement dingue !

Pour rechercher cette hausse de performance, on tente avec le musicien de remettre la physiologie du corps humain au centre du développement de la technique instrumentale, là où le musicien est extrêmement focalisé sur l’instrument et à la rigueur sur le bout de ses doigts, mais pas plus loin au niveau corporel. Et c’est bien naturel, moi le premier je retombe vite dans ce genre de travers en tant que musicien !


Les musiciens sont-ils assez informés des différents risques auxquels ils s’exposent ?


Je ne pense pas non, et c’est peut-être le but pro de ma vie ! La sensibilisation et la prise de conscience qu’un travail technique à l’instrument n’est pas anodin, pas sans risques ni sans conséquences lorsqu’il est exécuté très intensément et sans repères physiologiques.

J’ai bon espoir que tout ceci change progressivement, et je m’y attelle personnellement jour après jour. Je note avec enthousiasme que les structures professionnelles et d’enseignement sont de plus en plus ouvertes à ce genre de prévention, que des portes fermées il y a à peine quelques années, s’ouvrent de plus en plus nombreuses à cet accompagnement physique. Espérons que les choses continuent à évoluer dans ce sens, et je suis prêt à tout donner pour que chaque musicien puisse bénéficier d’aide ou d’apport technique lorsqu’il en ressent le besoin technique ou physique.


Auriez-vous un conseil à donner aux musiciens ?


Ne surtout pas rester seul dans sa pratique, surtout si ceux-ci sont ou se destinent à la professionnalisation.


La musique, la technique instrumentale et l’expression artistique, c’est aussi une grande histoire de partage, et qu’il soit question de virtuosité, de douleurs ou de toute autre problématique, s’entourer est le plus important, d’abord de compères musiciens de confiance, et ensuite de professionnels comme moi capables de répondre rapidement et efficacement à des problématiques qui risqueraient sinon de dégénérer.

Merci !


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