Album Review : Delta Kream des Black Keys
Dernière mise à jour : 28 nov. 2021
Aujourd'hui Eric nous présente l'album Delta Kream des Black Keys sorti en mai 2021
Faut-il vraiment encore présenter The Black Keys ?
Il s’agit d’un duo ricain qui voit le jour à Akron, dans l’OHIO :
- DAN AUERBACH, chanteur mais surtout gratteux.
- PATRICK CARNEY, batteur.
Premier album en 2002. Indie-blues-rock, Garage, en tous cas du son qui décrasse !
Zic puissante, grasse, jouée par des musiciens talentueux.
Du blues, du blues, du blues…
Le Blues, le vrai - celui duquel vient toute la musique que j’aime - est né dans la région du Delta, entre le fleuve Mississippi et la rivière Yazoo. Joué par des noirs, issu tout droit du chant des esclaves dans les champs de coton. Guitares acoustiques rudimentaires, percussions, mélanges de multiples influences.
Ensuite le Blues s’exporte à Chicago, où les guitares s’amplifient et s’électrisent pour pouvoir être entendues du public des bars, bruyant et bavard.
Puis le Blues traverse l’Atlantique pour se teindre de sonorités britanniques.
Du blues descendent le Rock’n’Roll, le Rock, le Punk, le Hard-Rock, le Trash-Heavy-Power-Metal et tout ce qui s’écoute actuellement. Sans le Blues, la musique n’aurait pas le même visage.
Mais - ici et maintenant - revenons donc sur les traces du Blues des origines :
Delta Kream, la crème du Delta Blues !
Delta Kream sort le 14 mai 2021. C’est le 10ème album des BLACK KEYS. Cette galette rend hommage au Country Blues du Mississippi, bien-sûr. Des reprises de classiques qui tiennent aux cœurs de nos deux potes. Mais c’est surtout un grand hommage à JUNIOR KIMBROUGH, que les BLACK KEYS considèrent comme l’une de leurs plus grandes sources d’inspiration (pour 5 des 11 titres), et à R.L. BURNSIDE (pour 3 titres).
La pochette, c’est une photo des années 1970 de William EGGLESTON : l’arrière d’une vieille Oldsmobile garée devant une échoppe du fin fond du Mississippi, maintenant écroulée depuis longtemps. Le nom de la boutique donne son titre à l’album et c’est drôlement bien vu !
Pour l’enregistrement de Delta Kream, le binôme BLACK KEYS s’est enrichi de :
- KENNY BROWN : guitare slide.
- ERIC DEATON : basse.
- SAM BACCO : percus.
- RAY JACILDO : orgue (sur 3 titres).
Kenny BROWN et Eric DEATON sont des gâchettes qui se sont frottées aux deux maîtres en question…
Les titres ont été enregistrés en une seule prise, tous les musiciens ensemble. Chansons peu répétées, pour garder la spontanéité. Chansons enregistrées rapidement, pour ne pas les dénaturer : en deux jours seulement dit déjà la légende.
Commençons donc - si vous le voulez bien - par les reprises de David KIMBROUGH Jr. :
ð STAY ALL NIGHT
Stay all night… and a little longer ! Un hit de Junior Kimbrough and the Soul Blues Boys. Interprété également par BUDDY GUY sur l’album SWEET TEA.
Efficacité redoutable ici, dans la version des BLACK KEYS. Gratte et guitare slide bien affutées…
ð DO THE ROMP
Allez donc déterrer de YouTube la vidéo de ce titre, joué par Junior lui-même, dans un vieux bar Juke Joint, au cœur du Mississippi
Titre que les BLACK KEYS avaient déjà repris en 2002 (« Do the rump ») mais ici plus tendu, mieux habillé aussi - plus mûr.
ð SAD DAYS, LONELY NIGHTS
Un son d’aujourd’hui qui te plonge pourtant dans les eaux boueuses du Blues d’hier.
ð WALK WITH ME
Une rythmique qui t’emporte. Ça tourne en boucle comme si c’était répétitif mais les guitares et les accents viennent te cueillir. « C’est chiant ? C’est normal : un Blues, c’est chiant ! » prétendait Renaud à L’Olympia.
ð COME ON AND GO WITH ME
Qui conclut l’album. Les échos qui te resteront en tête pour un bon moment… Jusqu’à ce que tu aies envie d’y revenir !
Ensuite, honneur aux titres tirés du répertoire de Robert Lee BURNSIDE :
ð POOR BOY, A LONG WAY FROM HOME
Titre que l’on retrouve chez GUS CANNON (accompagné de BLIND BLAKE) ou chez MISSISSIPPI JOHN HURT.
La guitare en liberté. La voix qui lâche prise.
ð GOING DOWN SOUTH
Titre de 1968.
Gros hit de ce Delta Kream !
ð MELLOW PEACHES
A l’origine, par BIG JOE WILLIAMS (en 1958) et puis par R.L. BURNSIDE.
Un vent frais sur le visage… Et le son qui tourne parfaitement. Ça rock et ça roule déjà pour moi !
Après avoir terminé la lecture de cette chronique, je vous inviterai à regarder le documentaire consacré à R.L. BURNSIDE et ses compères : « You see me laughin’ : The last of Hill Country Bluesmen ».
Puis découvrons :
ð CRAWLING KINGSNAKE
Une chanson de JOHN LEE HOOKER. Entendue également plus tard chez les DOORS. Un titre du Delta des années 1920, sûrement inspiré de BLIND LEMON JEFFERSON, une autre légende du Blues.
Ça ouvre magnifiquement Delta Kream. Une tournerie d’enfer. Des riffs qui grincent. Une plainte, plutôt qu’un chant. Tout y est !
ð LOUISE
Signée de MISSISSIPPI FRED McDOWELL, en 1964. Chantée par BIG BILL BROONZY. Chantée par la star HOWLIN’ WOLF.
Un tube, à travers les années ! Que j’adore.
ð COAL BLACK MATTIE
Titre original de RANIE BURNETTE. Titre retrouvé également chez ROBERT BELFOUR ou plus récemment chez MATTIE BRIGHTSEA.
Version vitaminée des BLACK KEYS. Belle joute de cordes !
Un bel album éloigné de la poussière des hommages ennuyeux mais tout proche de l’humidité chaude du bayou… Le Blues des origines avec une énergie et une production remarquables ! Clin d’oeil réussi aux maîtres mais aussi un superbe album, en sueur et authentique… Je ne suis pourtant pas un immense fan des BLACK KEYS et pourtant, là, j’achète !
C’est tout pour aujourd’hui !
Comments